
Cet amour, si violent, si fragile, si tendre, si désespéré
Cet amour beau comme le jour et mauvais comme le temps quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai, cet amour si beau, si heureux, si joyeux et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir et si sûr de lui comme un homme tranquille au millieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres, qui les faisait parler, qui les faisait blêmir
Cet amour guetté parce que nous le guettions, traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier si vivant encore et tout ensoleillé
C'est le tien. C'est le mien. Celui qui a été cette chose toujours nouvelle et qui n'a pas changé
Nous pouvons tous les deux aller et revenir
Nous pouvons oublier et puis nous rendormir, nous réveiller, souffrir, vieillir,
Nous endormir encore, rêver à la mort, nous éveiller sourire et rire et rajeunir,
Notre amour reste là têtu comme une bourrique, vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire, bête comme les regrets, tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre, beau comme le jour, fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant et il nous parle sans rien dire
Et moi je l'écoute en tremblant et je crie
Je crie pour toi, je crie pour moi, je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment et qui se sont aimés
Oui je lui crie reste là, ne bouge pas, ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés, nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas, nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids, beaucoup plus loin toujours et n'importe où
Donne-nous signe de vie beaucoup plus tard au coin d'un bois, dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain, tends-nous la main et sauve-nous.